Traitement des traumatismes
La vie n’est qu’un traumatisme. Nous le savons tous pour l’avoir vécue. Le premier est la naissance, le dernier la mort. On se remet en général du premier, pas du second.
Entre les deux, notre cerveau et notre corps apprennent à “digérer” des événements qui sur le coup peuvent nous sembler insurmontables. Nous sommes capables de sourire aujourd’hui de notre premier chagrin d’amour d’adolescence alors que sur le moment le suicide semblait la seule option.
Certaines personnes vivent les traumatismes de la vie plus douloureusement que d’autres. Même si certains événement sont atroces pour tout le monde (perte d’un être cher, maladies invalidantes, accidents, etc.), certains parviennent à les dépasser au bout d’un certain temps, d’autres pas.
“Le microbe n’est rien, le terrain est tout”, cette citation attribuée à Pasteur pourrait être transposée ici. Et c’est en analysant le terrain de la personne que je vais décider quelle méthode conviendra le mieux pour l’aider à se remettre.
J’utilise essentiellement deux outils pour soigner les traumas : l’hypnose et l’EMDR.
Si la victime a vécu d’autres événements difficiles dans sa vie, qui peuvent rebondir les uns sur les autres, renforçant ainsi la sensation pénible, ce sera l’hypnose qui me permettra de retrouver l’origine, la première scène traumatisante que le cerveau et le corps ont enregistrée et qui va servir de base à la répétition. Et bien sûr la “nettoyer”.
Si le trauma d’aujourd’hui survient dans un ciel serein, une vie dans l’ensemble facile, alors j’utilise de préférence l’EMDR.
Mais il y a plus.
J’ai découvert, à mes dépens, que soigner la tête ne suffit pas.
Ayant vécu de nombreux traumas depuis ma petite enfance et après, je pensais naïvement qu’après toutes ces thérapies qui m’ont soulagée grandement et permis de survivre, je n’avais plus qu’à me la couler douce et attendre que le temps fasse le reste du travail.
Mais j’ai été rattrapée par mon corps. Un jour, au milieu de nulle part et à un âge avancé, il m’a lâchée. Je n’ai fait le rapport que quand mon système digestif a purement et simplement cessé de fonctionner : plus de transit. Du tout ! Plus de selles plus rien !
J’ai bien sûr effectué tous les examens possible. La conclusion était toujours la même : “Nous n’avons pas de solution à vous proposer, vous devrez vivre comme ça, que voulez-vous Madame, vos intestins sont morts”.
Je savais bien que ma vie n’allait pas durer bien longtemps et commençais à mettre me affaires en ordre pour le cas où, quand j’ai rencontré Sophia*, une ostéo qui officiait dans la résidence où vit ma mère de 96 ans. On m’avait dit qu’elle aidait des personnes âgées souffrant de cancers digestifs ou de paralysies à rétablir leur transit.
Elle a pris le temps de réfléchir - c’est rare aujourd’hui dans le corps médical - et m’a déclaré : ”Vous avez tout essayé sauf une chose, le système neuro végétatif *, nous allons le tester”.
Bingo ! Ce n’était pas que mes intestins qui ne fonctionnaient plus c’était aussi mon nerf vague. Pour mémoire et pour ceux qui ont séché les cours de bio, ce nerf a un rôle déterminant dans la digestion des aliments. Et pour cause, « vague » signifie vagabond, un terme bien choisi pour ce nerf qui parcourt le corps tout entier et particulièrement le système digestif. Ce nerf est impliqué dans la sécrétion d'enzymes digestives et d'acide gastrique.
Mais pas que. Quand il reçoit des informations à propos de l’environnement externe et interne de l’individu, il fournit une réponse : soit par stimulation, il passe alors en mode “sympathique” (quand un ours surgit à l’entrée de ma caverne je cours ou je me bats, ce n’est ni le moment de dormir ni celui de digérer ). Et quand le danger est passé, c’est la relaxation, je passe en mode “parasympathique” (je peux me détendre, digérer voire dormir).
Dans mon cas, l’accumulation de traumas, semblait avoir bloqué le système en sympathique. Ce qui expliquait mon hypervigilance (sommeil perturbé) et bien sûr mon absence de digestion.
2 séances dans les mains de Sophia et mon intestin repartait !
Je ne parle pas de miracle, même si c’en est un pour moi. C’est aussi de l’entretien, du moins dans les premiers temps car comme me l’a suggéré Sophia : “Peut-être qu’un jour tu n’auras plus besoin de moi.”
En attendant, cette aventure m’a appris beaucoup de choses et poussée à chercher plus loin.
Ensemble nous avons mis au point une manière de travailler avec nos patients ex traumatisés.
On peut également s’aider soi-même
Il existe des exercices à pratiquer à la maison, pour stimuler directement le nerf vague.
Et d’autres pour compléter comme :
la méthode TRE du Dr Bercelii également qui nous réapprend à trembler comme le font les animaux après une grosse frayeur pour nettoyer le corps des séquelles d’une expérience difficile.
Et bien sûr la Cohérence cardiaque pour gérer le stress, que je recommande depuis plus de 20 ans.
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Sophia Guessoum, osteo diplômée du Centre européen d’enseignement supérieur en ostéopathie, elle travaille en hôpital, en gérontologie, et en privé. Elle enseigne aussi, notamment à des rhumatologues à Alger et participe à des recherches sur la lombalgie chronique. (Sg-osteo.com. 0660686659)