Une approche particulière
Je suis venue à l'hypnose d'une manière très particulière. On peut dire que ce n'est pas moi qui suis venue la chercher mais qu'elle m'est tombée dessus comme une révélation.
Elle arrivait comme l'aboutissement d'un long cheminement personnel.
J'ai exercé plusieurs professions dans ma vie, notamment celle de journaliste qui m'a amenée à vivre de nombreuses années à l'étranger. (1)
De retour en France, mon passé, lourd, m'a rattrapée pour me faire sombrer dans une énième et particulièrement sévère dépression qui a duré deux longues années et m'a permis de connaître les dessous – pas toujours reluisants – de la psychiatrie institutionnelle. Cette aventure a fait des ravages dans ma vie et m'a obligée à changer de métier. Je me suis lancée dans la traduction puis dans la rédaction de livres.
C'est au cours d'une enquête sur la dépression, pour un livre écrit en 1999 (2), que quelqu'un m'a signalé qu'on pouvait soigner la dépression par hypnose.
Ma première réaction fut le doute et ma réponse un peu sarcastique. Dans ma tête des images d'hypnotiseurs de foire au regard fixe et halluciné qui ordonnaient à des gens probablement un peu faibles d'esprit ou carrément complices, d'exécuter des choses extravagantes devant un public naïf - du grand guignol !
C'est la curiosité et le fait que l'on me propose les coordonnées d'un médecin en bonne et due forme qui me poussèrent à tenter l'expérience. Je me proposai comme cobaye, c'était facile, je ne dormais plus depuis une trentaine d'année autrement qu'avec des somnifères, à part de brèves périodes de répit dues à des événements heureux. Au cours de mes séjours à l'étranger j'avais me semblait-il tout essayé pour me traiter, sans résultat.
En sortant de la séance, mon opinion était faite. « Je n'étais même pas en hypnose et me suis souvenue d'un événement que je n'avais pas oublié – c'est n'importe quoi ce truc, ça ne peut pas marcher », pensais-je dans le train qui me ramenait vers Paris.
Ce n'est que quand je me suis endormie sur le canapé du salon sans même m'en rendre compte et sans le moindre cachet que j'ai compris : je ne m'étais pas seulement « souvenu » de cette scène, j'avais également « ressenti » l'émotion que la petite fille de cinq ans n'avait pu élaborer alors, trop jeune encore pour mettre des mots sur sa peur et sa souffrance. Et moi qui me moquais gentiment de cet état bizarre appelé hypnose, m'étais retrouvée presque déçue de l'absence de manifestations extérieures et intérieures le caractérisant. J'apprendrai par la suite combien subtils peuvent être les signes de transe et qu'il n'est nullement nécessaire de plonger dans des états seconds pour obtenir les meilleurs résultats.
Quoi qu'il en soit, la – bonne - surprise fut telle et j'en restai si impressionnée que je décidai sur le champ qu'un jour moi aussi, j'apprendrais à manier pareil outil. Il correspondait exactement à ce que mon caractère me poussait à rechercher en général dans la vie : simple, rapide et efficace.
Entre temps, l'Enfer était publié et grâce à Bernard Pivot qui eut la gentillesse de m'inviter à son émission télévisée « Bouillon de culture » pour le présenter et en débattre, il remporta un certain succès. Du coup, je me suis mise à recevoir un abondant courrier et des appels téléphoniques de personnes déprimées espérant trouver grâce à moi la solution à leur problème. J'avais beau passer des heures à leur répondre, parfois jusque tard le soir, je savais que même si sur le moment, elles pouvaient se sentir un peu mieux, demain, tout recommencerait à l'identique. Je me sentais complètement impuissante devant tant de souffrance, sans compter que je commençais à fatiguer à force de passer mes soirées au téléphone.
Je décidai donc de me mettre sur liste rouge et parallèlement de me former sérieusement pour pouvoir réellement faire pour ces gens ce que d'autres venaient de faire pour moi.
Je me suis inscrite à l'IFHE, un institut de formation à l'hypnose et à la PNL basé à Paris.
En fréquentant ses salles de cours, j'y ai découvert un nouveau monde, une autre façon d'envisager l'existence, j'étais fascinée. Une nouvelle vie s'est ouverte à moi.
Je venais de terminer le gros de ma thérapie ericksonienne personnelle. J'avais 45 ans. Il me semblait incroyable de pouvoir changer, réparer les blessures du passé et se relancer dans la vie si facilement. Quelques séances mais quelles séances ! Chacune d'elle semblait me propulser de plusieurs kilomètres en avant.
J'avais pourtant fait de multiples tentatives pour aller mieux, des morceaux de psychanalyse de toutes sortes, des tonnes de médicaments, des hospitalisations, rien n'y avait fait. Ça avait été long et douloureux sans autre résultat que raviver de vieilles douleurs.
Depuis, j'ai eu la chance d'être formée par de nombreux enseignants qui m'ont chacun apporté un autre point de vue, une nouvelle manière d'aborder le soin. Outre Olivier Lockert de l'IFHE qui m'a appris les bases de la technique, il y a eu Carole Erickson, une des filles de Milton, alors âgée de plus de quatre-vingts ans. Elle m'a offert une forme de liberté dans la thérapie, grâce à elle j'ai pu inventer « ma » méthode ; Stephen Gilligan, un des meilleurs élèves d'Erickson, avec toute son énergie et sa créativité, m'a montré qu'on pouvait aussi fronder, que rien n'est jamais absolument sérieux ; et il y a eu aussi Mickael Yapko, psychiatre américain spécialiste du traitement de la dépression, Olivier Perrot, qui m'a enseigné à la faculté de médecine l'hypnose avec les enfants et dans le traitement de la douleur, Dany Dan Debeix, spécialiste de l'hypnose de spectacle notamment et bien d'autres ...
Simultanément, j'ai rencontré David Servan Schreiber. Il m’a enseigné l'EMDR (traitement des traumatismes par le mouvement des yeux) et la cohérence cardiaque, outil précieux notamment dans le traitement du stress et de l'angoisse. Deux techniques tellement utiles et efficaces, que j'utilise et enseigne régulièrement à mes patients.
Une chose menant à une autre, c'est en travaillant avec des patients atteints de cancer que je me suis penchée sur le décodage biologique, une technique qui permet de déduire le sens du symptôme, pourquoi j'ai mal là ? Et pourquoi à ce moment-là ?
Quand on s'engage sur ce chemin d'ouverture, de recherche et de découverte, on trouve au fur et à mesure des besoins, des solutions nouvelles. La liste n'est pas close.
(1)
J'ai travaillé pour l'AFP au Vietnam, été correspondante du journal Le Monde en Amérique du Sud, de différentes radios en Afrique également. )
(2)
L'Enfer, chez Nil Editions.
Deux livres sur la psychiatrie
- "l'Enfer", une enquête sur la dépression, chez Nil Editions,
- "Enfermez-les tous" une dénonciation du scandale de l'internement abusif, aux éditions Robert Laffont (avec Philippe Bernardet).